Prendre soin de soi

Après un avortement.

L’avortement est une expérience très courante pour les femmes. Les personnes transgenres et non binaires en font également l’expérience.  Au Canada, environ une femme sur trois subira au moins un avortement au cours de sa vie.


Il se peut que vous vous sentiez isolée dans cette expérience, mais vous n’êtes pas seule.

Des personnes de tous horizons sont impliquées dans les décisions d’avortement :

  • de chaque contexte financier et social ;
  • de toute religion ou spiritualité
  • d’identité sexuelle
  • de culture et ascendance ;
  • la majorité d’entre elles ont entre 20 et 30 ans, mais beaucoup sont également adolescents ou dans la quarantaine ;
  • célibataires, dans une relation à long terme, polyamoureux ou mariés ;
  • environ la moitié sont déjà parents et font de leur mieux pour s’occuper des enfants qu’ils ont déjà ;
  • environ la moitié auront besoin de plus d’un avortement ;
  • des personnes qui pensaient personnellement ne jamais faire ce choix (ou être dans la situation de devoir le faire) ou qui ne sont pas d’accord avec l’avortement ;
  • des hommes issus d’horizons, d’identités et d’expériences de vie très divers.

Fait : l’avortement a existé à presque toutes les époques, dans tous les lieux et dans toutes les cultures.

Lorsqu’il est pratiqué légalement, comme c’est le cas au Canada, il s’agit d’une procédure extrêmement sûre, avec un risque de complications inférieur à 1 %. Pourtant, des dizaines de milliers de personnes meurent chaque année à la suite d’avortements dangereux dans des pays où cette procédure n’est pas légale. Un plus grand nombre encore souffre de douleurs inutiles, d’infertilité, de blessures et de maladies. Quels que soient les risques, les femmes continuent de prendre la décision de mettre fin à des grossesses qui surviennent au mauvais moment. Elles ont de bonnes raisons de le faire – sinon, l’avortement ne serait pas aussi courant, même s’il est stigmatisé, dangereux ou illégal, et nous ne nous serions pas battus si fort pour le droit à un avortement sûr et légal ici au Canada.

En raison du poids de la stigmatisation, vous pouvez :

  • vous sentir jugée par des personnes de votre entourage ou vous inquiéter de cette possibilité ;
  • avoir souvent entendu ou vu des messages négatifs sur l’avortement ;
  • vous juger vous-même.

Quelles que soient les croyances ou les opinions des autres ou même les vôtres, le plus important est que chacun et chacune puisse prendre la meilleure décision possible en fonction des circonstances du moment.

Ce que vous savez déjà :

  • l’importance de mettre des enfants au monde avec la possibilité de s’occuper d’eux et de bien subvenir à leurs besoins ;
  • il se peut que vous ne souhaitiez pas avoir d’enfants pour le moment ou pas du tout ;
  • vous êtes peut-être encore en train de bâtir les fondations de votre future famille ;
  • vous n’avez peut-être pas eu assez de temps depuis la naissance de votre dernier enfant ;
  • vous devez peut-être vous occuper d’abord des enfants que vous avez déjà ;
  • votre famille est peut-être déjà complète ;
  • vous avez peut-être d’autres engagements et objectifs sur lesquels vous devez vous concentrer ou des défis à relever.

Quelles que soient vos raisons, vous faites un choix réfléchi, attentionné et responsable.


Ce que vous pouvez ressentir après coup

Les sentiments possibles sur le choix :

  • Clarté ;
  • Coincée entre des options difficiles ;        
  • Influencée par des circonstances qui forcent à prendre une décision.

Ce que vous ressentez à propos du choix dépendra de ce type de facteurs ainsi que de ce qui se passe dans votre vie à ce moment-là.

La façon dont vous vous sentez sera également influencée par :

  • si vous souhaiteriez que les circonstances soient différentes ;
  • comment les autres personnes perçoivent la grossesse ;
  • ce que vous pensez de l’avortement et de votre vie en général.

Vous êtes moins susceptible de trouver ça difficile si :

  • vous pouvez prendre le temps de réfléchir et d’analyser vos sentiments à l’égard de la décision au préalable ;
  • si vous disposez d’un bon soutien et de bonnes capacités d’adaptation ;
  • vous étiez au moins presque sûre de votre décision ;
  • vous avez eu l’impression que c’était un choix acceptable à faire.

Beaucoup de personnes ressentiront un fort sentiment de soulagement par la suite. Vous pouvez :

  • être heureuse d’avoir pu faire le choix qui convenait le mieux à votre famille et de pouvoir maintenant aller de l’avant ;
  • être soulagée que la décision ait été prise, surtout si elle a été difficile, et que la procédure soit terminée.

Autres sentiments possibles :

  • choc d’être ou d’avoir été enceinte, ne plus rien ressentir ou un sentiment d’accablement tout au long du processus ;
  • déni ou une sorte de mode de survie.

Lorsque cela se produit, vous pouvez intentionnellement mettre du temps de côté pour gérer vos émotions plus tard lorsque cela vous semble plus sûr ou que vous vous sentez plus prête à le faire. Parfois, quelle que soit la façon dont vous les gérez, vos émotions ne refont pas complètement surface avant qu’un événement dans votre vie ne les fasse resurgir. Il n’est jamais trop tard pour surmonter ce qui s’est passé ou pour obtenir de l’aide.

Fait : Malgré ce que vous avez pu entendre, la plupart des femmes ne se sentent pas sérieusement déprimées après un avortement. Vous risquez beaucoup moins de souffrir de dépression après avoir mis fin à une grossesse qu’après avoir accouché.


Une opportunité…

Une fois la décision prise de ne pas poursuivre une grossesse, la suivante est de savoir comment vous allez vivre avec cette expérience. Vous avez le choix de la façon dont cela vous affectera maintenant et dans le futur.

  • Quel sens allez-vous donner à ce qui s’est passé ?
  • Que pouvez-vous faire pour y faire face de manière saine ?
  • Quels changements allez-vous apporter à votre vie à la suite de ce que vous avez vécu ?
  • Comment allez-vous prendre soin de vous et permettre aux autres de prendre soin de vous ?

Prendre une décision concernant une grossesse éclaire souvent votre vie, vous montrant ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.

  • Elle peut vous aider à voir les choses plus clairement et vous recentrer sur vos objectifs et vos priorités ;
  • Elle peut vous aider à mieux comprendre ce que vous voulez ;
  • Elle peut vous aider plus particulièrement à décider si vous voulez être parent, quand, comment et avec qui.
  • Votre prochaine grossesse peut être mieux planifiée et vous pouvez vous y préparer (relation, finances, maison, carrière et santé).

Une crise telle qu’une grossesse non désirée peut être un facteur de motivation pour des changements et une croissance importants. Cela peut être difficile, mais vous pouvez choisir de vous concentrer sur la nouvelle perspective qui s’offre à vous et avoir confiance que ce processus aura finalement un impact positif. Tout ce qui arrive peut offrir des leçons précieuses et l’occasion d’améliorer les choses.


Obtenir le soutien dont vous avez besoin

Lorsque des événements difficiles, intenses ou stressants surviennent dans notre vie, la plupart d’entre nous ont besoin d’en parler et d’être écoutés avec attention, compréhension et compassion.

Il pourrait être utile de garder à l’esprit que :

  • Seules certaines personnes vous soutiendront vraiment. Décider avec qui ne pas partager ce qui se passe dans votre vie peut être tout aussi important que de décider avec qui en parler ;
  • Même si vous ne vous sentez pas à l’aise, il peut être bon de penser à quelqu’un à qui vous confier si vous en aviez besoin ;
  • Le fait d’avoir l’impression que votre expérience est un secret peut ajouter à un sentiment de honte et d’isolement.
  • Lorsque vous racontez votre histoire, les gens peuvent vous surprendre, vous soutenir plus que vous ne le pensiez ou même révéler qu’ils ont eux aussi subi un avortement (n’oubliez pas que c’est le cas d’une femme sur trois !);
  • Le jugement des gens est davantage lié à leurs expériences et à la quantité de jugements qu’ils ont absorbés du monde qui les entoure.

Ayez du courage et continuez d’aller chercher l’aide qui vous est nécessaire jusqu’à ce que vous trouviez quelqu’un qui vous accepte et accepte ce que vous avez vécu.

Bien que soutenu soit important pour tout le monde, les types de soutien dont nous avons besoin peuvent être différents d’une personne à l’autre :

  • Vous pouvez simplement avoir besoin de quelqu’un qui vous demande comment vous vous sentez, qui écoute votre réponse et qui reconnaisse ce que vous vivez sans essayer de le réparer.
  • Certains ont besoin d’espace tandis que d’autres ont besoin de la présence physique de quelqu’un.
  • Certains peuvent avoir besoin de parler, tandis que d’autres ont besoin d’être seuls pour réfléchir et ressentir.
  • Vous pouvez avoir besoin de réconfort ou simplement de distraction.

Vous pouvez aider les autres à vous soutenir en leur faisant savoir ce dont vous avez besoin aussi clairement que possible. Si tout cela vous semble trop difficile, si les personnes qui vous entourent ne vous soutiennent pas, ou si vos émotions vous semblent ingérables et que vous avez du mal à faire face à la situation, vous aurez peut-être besoin d’une aide professionnelle. Si vous ne savez pas vers qui vous tourner, commencez par contacter la clinique d’avortement pour obtenir des conseils ou des ressources.


Comment faire face ?

Vous devez également vous soutenir dans cette expérience en trouvant des moyens d’adaptation qui fonctionnent pour vous. Nous avons tous des “trucs” que nous utilisons de cette manière, même si ils ne nous aident pas toujours à guérir. Certaines stratégies d’adaptation sont plus saines et ont un effet plus positif sur notre vie.

Certaines choses peuvent sembler utiles sur le moment, mais avoir des conséquences destructrices au bout du compte :

  • les drogues et l’alcool ;
  • dépenser trop d’argent ;
  • se retirer des personnes que vous aimez ;
  • reporter vos sentiments sur les autres ;
  • rester occupé et faire semblant d’aller bien alors que ce n’est pas le cas ;
  • même les choses qui sont saines lorsqu’elles sont pratiquées de manière équilibrée peuvent devenir malsaines lorsqu’elles sont pratiquées trop ou pas assez.

Cela dit, vous devez essayer de ne pas vous juger. Pour faire face à une période difficile, vous pouvez utiliser tous les outils dont vous disposez, que vous pensiez ou non qu’ils sont bons pour vous à long terme. Souvent, les moyens que nous utilisons pour faire face à la situation se sont développés dans l’enfance pour nous aider à surmonter des situations qui nous dépassaient ou que nous ne contrôlions pas. Elles ont commencé pour une raison et nous ont probablement aidés à survivre.

Si vous avez l’impression de choisir des moyens d’adaptation qui sont nuisibles d’une certaine manière, vous pouvez :

  • choisir d’être plus conscient et de faire de petits changements quand et si vous le pouvez ;
  • penser à ajouter des choses plus positives plutôt que d’arrêter de faire les choses que nous pensons être moins saines ;
  • allez vous promener ;
  • écrire ;
  • manger un bon repas ;
  • respirer profondément ;
  • pleurer ;
  • prendre un bain ;
  • se tourner vers l’art et créer quelque chose ;
  • écouter de la musique ;
  • prendre l’air ;
  • parler à quelqu’un ;
  • faire tout ce qui peut vous aider à vous sentir mieux sur le moment et à long terme.

Les moyens de prendre soin de soi

  • Cultivez l’autocompassion : Nous sommes nombreux à être très durs envers nous-mêmes. Nous nous blâmons ou nous nous sentons mal même pour des choses qui ne dépendent pas de nous. La société attend beaucoup de nous, souvent plus que ce qui est humainement possible. Faire preuve d’autocompassion, c’est se rappeler que l’on est une bonne personne dans une situation difficile et que l’on fait de son mieux. Cela signifie que vous devez vous parler comme vous le feriez avec une personne qui vous est chère et vous accorder la même gentillesse et la même attention que vous offrez aux autres.

  • Prendre soin de soi : vous pouvez prendre le temps de faire les choses que vous aimez ou qui vous font du bien lorsque les choses sont difficiles.

  • Se souvenir de ses raisons : Si le choix a été difficile, vous aviez probablement de bonnes raisons de le faire. Garder ces raisons à l’esprit peut vous aider à vous souvenir du bien-fondé de votre choix lorsque vous y repenserez à l’avenir. Vous pouvez aussi recentrer votre énergie sur les domaines de votre vie auxquels vous avez donné la priorité en ne poursuivant pas la grossesse, comme la famille, le travail, l’école, la santé et les finances.
  • Créer un espace : Pour guérir, nous avons peut-être besoin de créer un espace dans notre vie où nous nous sentons suffisamment en sécurité. Pour certains d’entre nous, cela peut signifier :
    • aller dans un endroit où l’on se sent bien ;
    • en faisant de la place dans notre emploi du temps ;
    • trouver des moyens de se soustraire, temporairement ou définitivement, à l’influence de certaines personnes si leurs opinions ou comportements nous blessent, contribuent à ce que nous nous sentions mal dans notre peau ou nous empêchent de faire face à la situation et de prendre soin de nous-mêmes..
  • Choisir de pardonner : Le pardon intervient lorsque nous choisissons de libérer quelqu’un de tout reproche ou de toute culpabilité. Vous pouvez avoir besoin de pardonner les autres pour leur comportement ou avoir besoin de vous pardonner vous-même. Le pardon ne signifie pas:
    • nier ce qui se passe ;
    • excuser certains comportements ;
    • oublier ce qui s’est passé ;
    • que nous ne changeons pas aussi nos comportements et nos relations ;
    • que nous ne sommes pas en colère, déçus ou blessés.

Ce que cela signifie, c’est de choisir d’aller de l’avant de la meilleure façon possible. C’est une façon de trouver la paix.

  • Trouver la résolution : La résolution est quelque chose qui vous permet d’honorer une expérience tout en la laissant partir. Il s’agit de faire quelque chose qui symbolise votre décision de laisser derrière vous des pensées ou des sentiments difficiles tout en emportant avec vous l’apprentissage et la croissance que vous avez acquis. Il est important de ne le faire que lorsque vous vous sentez prête. Voici quelques exemples:
    • écrire une lettre (que vous n’avez pas besoin d’envoyer);
    • faire flotter des fleurs sur l’eau et les laisser partir au loin ;
    • allumer une bougie ;
    • planter un arbre ;
    • l’achat d’un bijou spécial.
  • Transformer les émotions : Si vous ressentez des émotions difficiles telles que :
    • la colère,
    • le ressentiment,
    • la peur,
    • le regret,
    • la tristesse,
    • le deuil,
    • la culpabilité,
    • la honte,

il peut être important de les reconnaître et de les ressentir lorsque vous êtes prête.

Éviter les émotions peut aider à court terme, mais à long terme, cela peut parfois aggraver la situation. Cependant, il peut aussi être dangereux de laisser vos émotions prendre le dessus et vous faire agir d’une manière inhabituelle pour vous. Bien que cela prendre un peu de temps et de pratique, vous pouvez essayer d’accepter vos émotions telles qu’elles sont, en leur permettant d’être simplement là sans les enfouir ou les laisser exploser. Le soutien d’une personne de confiance peut souvent vous aider.