Les circonstances
Le moment où survient une grossesse et les circonstances de votre vie à ce moment-là ont souvent un impact, tout au moins en partie, sur ce que vous ressentez par rapport à la décision de poursuivre ou de ne pas poursuivre cette grossesse. Voici quelques éléments à considérer concernant les circonstances qui peuvent influencer votre choix.
Si vous avez déjà des enfants
Fait : La moitié des femmes qui avortent ont déjà des enfants.
- Le choix peut être plus clair, car l’accent est mis sur les besoins de la famille.
- Cela peut également rendre les choses plus difficiles si vous êtes attachée à ce qui “aurait pu être” et ce que l’on entend par “être une bonne mère”.
Faites preuve de compassion envers vous-mêmes ; vous êtes un être humain et ne pouvez pas tout faire. Faites-vous confiance; vous savez ce qui convient le mieux à votre famille.
Si vous voulez des enfants à l’avenir
Se faire avorter peut faire peur car vous pouvez penser que c’est votre seule chance d’avoir un enfant.
Fait : de nombreuses grossesses se terminent par une fausse couche (environ 30 %).
- Lorsque vous choisissez de vous faire avorter, vous ne savez pas quel aurait été le résultat de cette grossesse en particulier.
Fait : Le fait d’être capable de tomber enceinte signifie que vous êtes fertile et donc que vous serez probablement capable de tomber enceinte à nouveau.
- Risque sur la fertilité future = presque nul. Les complications sont extrêmement rares.
Une future grossesse après un avortement peut potentiellement être mieux planifiée et permettre une base plus solide pour fonder ou agrandir votre famille.
Si vous êtes moins jeune
Fait : Il est assez fréquent que les femmes tombent enceintes à la fin de la trentaine ou au début de la quarantaine.
Sentiments possibles :
- Embarras/gêne – Le sentiment que cela ne devrait pas arriver à cet âge.
- Pression – Décision plus importante quant à l’opportunité d’avoir plus d’enfants ou d’avoir des enfants tout court vu que le nombre d’années fertiles diminuent.
- Tristesse ou frustration – Que cela ne se soit pas produit plus tôt dans la vie.
De plus en plus de personnes fondent une famille plus tard, car leurs vies sont de plus en plus occupées. On peut prendre plus de temps pour se préparer à fonder une famille ou pour la compléter.
La décision d’avorter peut vous inciter à vous préparer à une future grossesse de manière plus intentionnelle ou, si vous n’êtes pas encore décidée, à y réfléchir de manière ciblée et en ayant le soutien nécessaire.
Si vous avez des inquiétudes concernant votre santé
Fait : Il y a toujours des risques, même lorsque vous êtes capable de vous soigner du mieux que vous pouvez.
Raisons possibles aux problèmes de santé :
- Moment difficile pour devenir enceinte ou pour mener la grossesse à terme.
- Moment inattendu, donc vous ne pouvez prendre soin de vous comme vous l’auriez voulu (vitamines prénatales, bonne alimentation, pas de médicaments/drogues/alcool).
En bout de ligne, c’est vous qui décidez du niveau de risque qui vous convient, sachant que vous ne pouvez pas toujours connaître réellement l’issue d’une grossesse. Vous prenez la meilleure décision possible avec les informations dont vous disposez à ce moment-là.
Si ce n’est pas la première fois
Fait : la moitié des femmes qui ont un avortement en auront plus d’un.
Pourquoi ?
- Méthodes de contraception qui échouent;
- Fertilité élevée (vous ou votre partenaire ou les deux);
- Obstacles à l’utilisation de la contraception (effets secondaires, prix abordable, conditions de santé, manque d’accès à l’information);
- Trop de choses dans la vie en même temps ou un historique difficile;
- Pas un contrôle total de votre sexualité.
Rappelez-vous que :
- Les femmes sont fertiles durant de nombreuses années dans leur vie;
- Le corps des femmes est conçu pour tomber enceinte;
- Les accidents arrivent ou au mauvais moment, surtout avec une fertilité élevée.
Faites preuve de gentillesse envers vous-même !
Si vous pensiez ne jamais recourir à l’avortement
Fait : Nous n’avons généralement pas l’occasion d’entendre les histoires des autres et donc de savoir à quel point l’avortement est courant et normal.
Les croyances et les sentiments peuvent être influencés par la stigmatisation et le jugement social ou le manque d’information :
- C’est mal de se faire avorter;
- “Je n’aurai jamais besoin d’/ou ne voudrai jamais y avoir recours”;
- Surprise;
- Choquée;
- Coupable;
- Honteuse;
- Triste.
Le fait de passer par une décision difficile en matière de grossesse peut permettre de voir les choses sous un angle différent.
- L’avortement est plus fréquent que vous ne le pensez et vous pouvez maintenant comprendre pourquoi.
- Cela peut être un choix éthique de ne pas vouloir mettre un enfant au monde dans une situation qui ne nous permet pas de bien s’en occuper.
- Vous ne pouvez pas tout contrôler, mais vous pouvez apprendre à vous traiter avec gentillesse dans ce domaine.
- Plus de compassion envers les autres dans des situations similaires.
Nos valeurs et nos croyances changent souvent au fur et à mesure que nous acquérons de l’expérience et d’autres perspectives, ce qui peut être une bonne chose car cela permet à nos cœurs et à nos esprits de s’ouvrir davantage.
Si vous avez des préoccupations religieuses
- Il existe en fait de nombreuses croyances au sein de chaque foi.
- De nombreuses personnes religieuses, et même des chefs religieux, estiment que l’avortement peut être un choix moral lorsqu’il est pratiqué de manière consciencieuse et bienveillante.
Fait : Les personnes de toutes origines religieuses se font avorter aussi souvent que les personnes non religieuses.
- Les enseignements au centre de chaque religion sont basés sur des valeurs telles que la compassion, le pardon et l’amour
- Notre foi est censée nous réconforter dans les moments difficiles ou éprouvants.
Le fait de nous concentrer sur les valeurs fondamentales de notre foi peut nous aider à nous traiter avec bienveillance, même si on nous a dit que ce que nous faisons ou pensons faire est considéré comme mal par certains. Cela peut également nous donner la force de faire ce que nous voulons et/ou devons faire et de trouver la paix après.
Si vous avez des préoccupations d’ordre spirituel
Fait : L’avortement existe depuis toujours, partout et dans toutes les cultures.
Préoccupations spirituelles possibles au-delà des enseignements religieux :
- Tout arrive pour une raison et donc nous demander si nous devons poursuivre une grossesse parce qu’elle est censée avoir lieu;
- S’inquiéter de la moralité de mettre fin à une vie possible.
En voyant les choses sous un angle différent :
- S’il y a une raison à tout, alors peut-être est-ce le cas de l’avortement aussi;
- Passer par cette expérience peut aussi apporter une croissance et un changement dans votre vie (recentrage, priorités, objectifs principaux).
Il est normal d’être aux prises avec ces questions, mais il est important de se rappeler qu’il peut être très éthique de faire des choix intentionnels et prudents sur le moment où nous avons des enfants ou si nous en voulons, avec qui et dans quelles circonstances.
Si c’est le début d’une relation
Cela pourrait être un facteur important dans la décision.
- Il se peut qu’on hésite à le dire à la personne ;
- Cela pourrait forcer les choses à devenir sérieuses trop tôt ;
- On peut se sentir gêné de traverser cette épreuve avec une personne que l’on connaît à peine et en qui on n’a pas encore complètement confiance ;
- Cela peut révéler des choses sur la façon dont l’autre personne pourrait faire face à une crise ou à un défi.
Certaines informations peuvent faire surface :
- qui confirment ou renforcent la relation ;
- qui sont la preuve que les choses sont difficiles ou décevantes ;
- qui nous font réaliser que l’on ne veut pas aller de l’avant avec la relation.
Si quelqu’un n’est pas en mesure de nous aider à prendre une décision concernant la grossesse, il est également peu probable que cette personne puisse nous aider à surmonter le stress d’une grossesse à terme, de la naissance d’un bébé et de l’éducation des enfants.
Si votre relation a des problèmes ou a récemment pris fin
- Les défis pourraient être un facteur dans la décision ;
- Les problèmes auraient été plus évidents.
Cela peut rendre les choses plus difficiles sur le plan émotionnel et vous aurez peut-être besoin de plus de temps ou de soutien pour guérir par la suite.
Si vous êtes loin de tout soutien moral
Défis possibles :
- Ajoute au stress de la décision ;
- Plus difficile de fonder ou d’agrandir votre famille ;
- Manque de soutien stable ou familier ;
- Peut-être une différence de langue/culture.
Il est préférable de ne pas vivre seule des expériences intenses.
- Si vous êtes dans un nouvel endroit, adressez-vous aux programmes gouvernementaux ou communautaires qui peuvent être disponibles ;
- Faites appel à distance à votre base de soutien habituelle stable ou aux personnes que vous avez récemment rencontrées.
Si vous n’êtes pas soutenue ou si vous êtes sous pression
Fait : Légalement, le choix d’avorter ou non appartient à la femme, car la grossesse affecte son corps.
Il n’est pas acceptable que quelqu’un force ou fasse pression sur une femme pour qu’elle interrompe ou poursuive une grossesse, mais cela arrive. Si c’est votre cas, il est important d’en parler à quelqu’un si vous le pouvez.
Facteurs de stress possibles :
- Le partenaire a peut-être voulu mettre fin à la grossesse et vous non (mais vous ne vouliez pas être seule à l’élever) ;
- Le partenaire peut avoir voulu poursuivre la grossesse et vous non ;
- La famille a dit qu’elle ne soutiendrait pas un certain choix plutôt qu’un autre.
Tous ces facteurs peuvent rendre plus difficile d’être en paix vis à vis d’une décision de grossesse. Vous aurez peut-être besoin de vous éloigner de l’influence de votre partenaire ou de votre famille et de chercher d’autres sources de soutien pour vous aider.
S’il est le résultat d’une agression sexuelle
Être enceinte à la suite d’une agression sexuelle peut être une expérience extrêmement difficile à vivre. Bien que la décision puisse être plus claire en raison des circonstances, la grossesse peut donner l’impression de prolonger ou d’intensifier le traumatisme que l’on a subi, ce qui rend la guérison plus difficile.
Exemples de situations qui ne sont pas toujours considérées comme des agressions :
- Si votre partenaire a délibérément augmenté les chances que vous tombiez enceinte ;
- Vous avez accepté d’avoir des rapports sexuels en vous basant sur le fait qu’ils étaient protégés, mais quelque chose a été fait intentionnellement pour augmenter vos chances de tomber enceinte, ce qui n’est plus consensuel.
Parfois, une agression sexuelle fait naître des sentiments de honte ou de culpabilité. Il est essentiel de se rappeler que ce qui s’est passé n’est pas de votre faute. C’est la personne qui vous a agressé qui est responsable de ce qui s’est passé. Il peut également être important de raconter votre histoire à une personne de confiance.
S’il s’agit d’une relation abusive
La violence physique ou émotionnelle peut être un autre facteur dans le choix de ne pas poursuivre une grossesse. Il peut être dangereux d’acoir un enfant dans ce type de relation.
Fait : La maltraitance/l’abus n’est pas toujours synonyme de violence physique. Autres signes avant-coureurs d’une personne abusive: elle contrôle tout, elle est souvent de mauvaise humeur, elle jette ou casse des objets, elle dit des choses qui nous rabaissent et elle nous isole de nos amis ou de notre famille.
Le personnel de la clinique d’avortement vous parlera souvent sans la présence de votre partenaire à un moment ou à un autre du rendez-vous. Cela peut être une bonne occasion de parler à quelqu’un en privé et en toute confidentialité qui pourra vous aider à trouver des moyens d’être en sécurité et vous aider à trouver des organisations locales qui peuvent vous soutenir.
Les recherches montrent que les comportements abusifs ont tendance à s’aggraver avec le temps plutôt qu’à s’améliorer, et il est donc préférable d’obtenir de l’aide dès que possible.
Si l’expérience déclenche des sentiments difficiles ou fait remonter de vieilles expériences.
Un avortement peut réactiver :
- de vieilles douleurs ;
- des traumatismes passés ;
- des difficultés chroniques ;
- problèmes persistants dans nos vies.
Nos sentiments à l’égard de l’avortement sont liés à nos sentiments à l’égard de :
- nos relations ;
- la famille ;
- notre emploi et carrière ;
- notre enfance ;
- nos modes de vie ;
- l’estime de soi ;
- la santé ;
- le logement ;
- notre situation financière.
Il se peut que nous ayons besoin de soutien pour surmonter ces difficultés, plus encore que l’avortement-même. Si c’est le cas, cela peut être l’occasion de guérir des blessures dont nous n’étions pas conscients. Il est important de demander de l’aide, surtout si les émotions semblent écrasantes ou très intenses.